lundi 28 janvier 2013

Ghost in the Shell - 1995



Aller, pour ouvrir le bal, j'ai choisis de m'attaquer à Ghost in the Shell, en particulier le premier film sortit en 1995. Ah, j'oubliais un détail, mais je vais mettre un point d'honneur à ne rien spoiler du film, juste de donner envie de le voir (à défaut de se jeter sur le deuxième film (Innocence - 2004) et la saison 2 de la série (Stand Alone Complex:2nd Gig - 2005). Quelques détails seront abordés sur l'univers très particulier du film, mais je tiens à volontairement laisser des zones de flous afin de pousser à la découverte.

Pitch : 

Ghost in the Shell sort de l'imagination de Masamune Shirow sous forme de manga en 1989. En guise de décors, le film nous plonge dans un Neotokyo des années 2030, ville futuriste à l'architecture étriquée en phase avec l'intelligence artificielle et les implants génétiques. Et comme il se fait relativement rare de se faire une idée d'un futur sans anarchie et criminalité débordant d'imagination, c'est la Section 9 qui joue le rôle de groupe d'intervention high tech pour freiner la progression de pirates informatiques. L'héroïne, Mokoto, dirige avec autorité une poignée de ces flics du futurs, et si je ne me permettrais pas de dire qu'elle fait souvent preuve de sang froid, c'est tout simplement parce que c'est une cyborg.




Le "Ghost" :

C'est là qu'entre en jeu l'une des pièces clef fondamentale de tout l'univers de Ghost in the Shell qui met en avant le fait que l'informatique s'est tellement développé, qu'il est possible de stocker sa mémoire, sa personnalité, dans une simple puce de silicium. Tout au long du film surgissent des allusions au Ghost, qui n'est en définitive rien d'autre que la conscience. Si les 3 lois de la robotique instaurées par Isaac Asimov sont appliquées de nos jours dans la recherche cybernétique  qu'en est-il réellement de la définition même de la conscience dans ce  domaine ? De ce qui dissocie la machine consciente de non-consciente ? Les recherches dans l'informatique quantique tendent à vouloir développer un type révolutionnaire d'échange de données. Là où l'actuel est régit par des successions interminables de 0 et de 1, mon interprétation de l'informatique quantique correspondrait au fait que ces unités deviendraient des 0 et des 1, amenant à des densités de calculs infinis, permettant de mettre en relation des quantités astronomiques d'informations à chaque milliseconde, afin d'anticiper les prochaines, de les réinterpréter, etc... De ce point de vue, le cerveau humain ne fonctionnerait pas un peu de la même sorte ? Quid de l'évolution de l'information telle qu'elle est présentée dans Ghost in the Shell, car si demain je pouvais transférer mon Ghost dans un mixeur et pouvoir garder toute lucidité sur ce fait et ces conséquences, serais-je devenu plutôt mixeur ou être humain ? Mokoto, l'héroïne, se pose régulièrement ces questions, poussant les limites de son Xième corps artificiel à ses limites afin de réellement percevoir la frontière de sa conscience.



"Pirates !" :

Au-delà du perpétuel questionnement métaphysique (la conscience, la réalité, la sensation, ...) qu'incarne Mokoto, on en prends plein les yeux. Véritable chef d'oeuvre d'animation, le dessin est propre, les effets de lumières aux tonalités kitch ne vieillissent cependant pas d'un poil tant elles apportent à l'image et les animations portées par un rythme parfaitement jaugé prennent aux tripes. Et c'est quand au bout d'une courte introduction qui plante le décors que pointe le scénario, le véritable fil conducteur du film. Le "puppetmaster" (marionnettiste) est un des fameux pirates insaisissables que Mokoto traque. N'allez pas croire qu'il s'agit d'un simple téléchargement de la discographie de Rihanna qui a valu à un pauvre français de se faire pincer par Hadopi (diantre !). Partant du principe que les implants et les intelligences artificielles font partie intégrante du quotidien de chacun, les pirates peuvent s'arranger pour pirater différents "périphériques" humains ; les yeux, les souvenirs, l'ouïe ... et là ça devient le bronx. Le film amène a des concepts excellents et bien amenés, qui rajoutent à chaque fois de nouvelles pistes d'appréhension envers cet univers dont la richesse croît progressivement. On assiste du coup régulièrement à l'apparition d'objets, armement, ou même "type d'implant", avec à chaque fois une crédibilité suffisamment naturelle que l'on se dit "pourquoi pas, vu le contexte, c'est logique". Et à mesure que le film déroule sa trame, cet univers paraît de moins en moins attachant, de plus en plus distant et aux antipodes du "confort" spirituel actuel. Qui se demande de nos jours à sa combientième enveloppe corporelle il en est ? Qui se demande réellement s'il est ou non réellement conscient de sa propre existence ? Et si justement ce transfert de conscience via les puces de silicium permettent une certaine forme d’immortalité  comment peut-on réellement vivre sans craindre la mort ? 



Le grand final :

J'ai du attendre quelques années, et revoir pas mal de fois le film, pour réellement le comprendre à son plein potentiel (si toutefois j'y suis réellement arrivé). Car au final Ghost in the Shell reste pour moi un film très particulier, avec un univers hallucinant, des personnages charismatiques au possible (la VF est géniale, avec entre autre les voix françaises de Sigourney Weaver et Schwarzzy). C'est typiquement le genre de film qui, une fois fini et malgré le fait que l'alphabet diffère "légèrement" du nôtre, je regarde le texte défiler jusqu'à la fin, manière de remercier ces gens de m'avoir amené à voir, entendre et pensé ce film. Car on en retient finalement forcément des questionnements, les sujets soulevés ne peuvent pas rendre indifférent qui que ce soit de sensé (et j'ose espérer m'adresser à quelqu'un de sensé). Et j'aime les films qui font réfléchir, alors si en plus ils sont magnifiques et que la bande son est terrible... Je revendique le fait que je hisse fièrement ce film dans mon top5, pour la simple et bonne raison que c'est un perfect sur tous les points.




Ce que j'en ai pensé :

Pour le côté graphique, Ghost in the Shell (aussi bien le premier film que le second et les 3 saisons de la série) a nourri en moins un goût particulier pour la robotique un peu gore, détachée des sentiments. J'aime observer les choses, évidemment le corps humain en fait partie. Des cyborgs décharnés, c'est un peu un être-jouet : il est assemblé de pièces, de tubes, de composants, mais pas de sensations. La violence exercée par et sur des robots (dans les films, heeeein ?)  peut cependant amener à de l'empathie (!), mais pourtant concrètement se soucierait-on de l'usine qui fabriquerait à la pelle plein d'autres cyborgs dont seul le numéro de série différerait du précédent ? Ces robots, ces machines, ces conglomérats pièces aux détails fins, ça m'a fasciné assez tôt. C'était juste beau.

Pour ce qui est d'une conclusion amenant à une réflexion un peu plus globale et qui elle se détache du film pour rejoindre entièrement mon interprétation, je pense (et malheureusement constate) qu'on tends de nos jours à sans cesse vouloir avoir des robots pour nous aider à faire la vaisselle, à passer l'aspirateur, se laver les dents, nous prévoir la météo. Les recherches actuelles en Asie nous montre pas mal d'essais et d'avancées dans la robotique. Nao le robot est utilisé dans certaines grandes universités véritablement comme aide de camp. Et très souvent, la machine ressemble à un humain. Je suis loin d'être réfractaire à l'innovation (merci Nikola Tesla) et je ne tiens pas à vivre en ermite. Mais si Dieu a créé l'Homme à son image, et n'étant pas croyant pour un sou, je dirais qu'actuellement l'Homme voudrait rendre fous les chrétiens. Et car ce jour arrivera forcément (iRobot), mais qu'il faudra attendre bien longtemps avant d'arriver à un monde tel que celui décrit dans la saga Ghost in the Shell, quelles seront les conséquences de cette pseudo immortalité (rapprochement plus concret avec les pouvoirs divins ?). Nous poserons-nous les même questions que Mokoto ? Le monde aura-t-il perdu sa saveur, son imprévisibilité, et son étrangeté ? Et chacun de nous, aurons-nous perdu notre spontanéité, notre sagacité ? Quand le pilier même de sa conscience s'effondre car l'on doute d'elle, comment pouvons-nous être amené à vivre sa vie, et non celle d'un implant ou d'un iPad 27 ? Qui viendra remplacer Siri ? Qui formera le premier sous-prototype de Skynet ? Et surtout jusqu'où l'Homme ira-t-il avant de se rendre compte que l'histoire d'Icar reste plus un enseignement qu'un simple mythe ?


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